lundi 22 août 2011

La clef du bonheur





Il était une fois un homme et une femme, vivant avec leurs deux enfants, un garçon et une fille, dans une bâtisse située dans une oasis au milieu du désert.
Depuis peu, leur fille avait changé. L'enfant vive et joyeuse était devenue taciturne, renfermée. Elle ne parlait plus, ne riait plus, n'avait plus envie de coiffer ses longs cheveux qui, emmêlés, lui couvraient le visage et cachait ses yeux clairs. Cela désolait ses parents, qui ne trouvaient pas de remède pour la faire sourire et parler à nouveau.
Lorsqu'ils étaient arrivés dans cette oasis, ils avaient découvert dans une pièce un vieux grimoire, fermé par un cadenas. Ils avaient bien essayé de soulever la couverture, mais ils n'apercevaient alors tout au plus que quelques lettres.

Un matin, ils découvrent une petite clef, ouvragée, posée sur la table, sous le dattier près de la maison. Etonnés, ils la regardent, la tournent, la retournent, s'interrogent :
- A quoi peut elle servir ?
Le fils réfléchit
- Et si c'était la clef du vieux livre !
Effectivement, ils réussissent à ouvrir le cadenas. Le livre s'ouvre de lui-même à une page où ils peuvent lire : "Quand une personne perd le sourire, la joie de vivre, seul un voyage au-delà des mers la guérira."
Aussitôt, le frère décide d'emmener sa sœur jusqu'à la mer. Mais il fallait d'abord traverser le désert. Les provisions et les réserves d'eau sont entassées dans le solide 4x4 de la famille. Et les voici, roulant sur la piste.
Une tempête de sable les force à s'arrêter. Quand le ciel est à nouveau clair, ils n’aperçoivent plus la piste. Pas le moindre buisson, pas la moindre oasis à l'horizon. Ils sont perdus ! Les vivres se raréfient et l'eau manque. Puis la voiture hoquette, s'arrête : plus d’essence !

Le frère, laissant sa sœur très affaiblie sous une toile, à l'abri de la voiture, part chercher du secours. Du sable, rien que du sable, à perte de vue. Il a chaud, s'éponge. Tout à coup, il distingue une forme sombre qui se déplace sur la crête d’une dune. "Un mirage", pense-t-il. Pourtant, bientôt, un homme surgit à ses côtés. Il est vêtu et enturbanné de bleu, et l'on aperçoit uniquement ses yeux noirs.
- Pourriez-vous m'aider. ? J'ai besoin d'eau, de nourriture. Ma sœur, malade, m'attend là-bas.
- Je peux te trouver cela, répond l'homme bleu, mais sache qu’ensuite tu devras affronter le terrible maître de ce désert. »
Le frère acquiesce, il n’a guère le choix.
Aussitôt l'homme étend les bras. Une source jaillit à ses pieds, forme une mare et le frère voit avec stupeur quelques poissons nageant dans l'eau claire. Il se retourne, il est seul : l'homme a disparu.

Il se désaltère, remplit une gourde, et part chercher sa sœur, la porte jusqu'à la mare. Ils se reposent là à l'ombre de palmiers qui semblent avoir poussé miraculeusement.
C’est alors que surgit un splendide lion. "Je suis le maître du désert. Comment avez-vous osé boire à ma source ?" Terrifiés, les jeunes gens se serrent l'un contre l'autre, reculent, pénètrent dans la mare pour échapper aux fabuleux animal.
Les poissons les frôlent ; ils sont devenus énormes ! L’un d’eux leur dit :"Montez vite sur notre dos". Ils chevauchent alors les poissons, s'accrochent aux nageoires.
La mare déborde, forme une rivière de plus en plus large et profonde. Le lion, dépité, reste sur le rivage en rugissant. Et la rivière se transforme en fleuve, et les conduit à la mer. Les poissons les déposent sur la plage.
La jeune fille regarde la mer, s'assied, trouve un coquillage. Elle le porte à son oreille, et un sourire illumine son visage. "Ecoute, dit-elle à son frère, écoute cette merveilleuse musique !" Elle éclate de rire, chante, danse, court sur la plage.
Et voici qu'un voilier arrive, un jeune homme à la barre. Il tend la main à la jeune fille, l'invite à monter à bord, et ils s'éloignent bientôt. La jeune fille rit, agite le bras pour un au revoir à son frère resté seul, sur la plage, et s'il sourit de la voir partir si heureuse vers une nouvelle vie, des larmes lui inondent les yeux.



samedi 13 août 2011

Joyeux anniversaire Terisse et Matthew







Quand vingt roses sortant d'une tige commune 
En parfumant les airs charment nos sens flattés
Le groupe l'embellit des grâces de chacune.

C'est ainsi que deux princes à nos yeux enchantés 
Présente à la fois vingt trois beautés.
Qui toutes ensemble en font une .

De mon rosier si je vous fais hommage,
En ce jour exceptionnel 
De tous les mots de la terre et même de l'univers
J'ai choisi les plus sincères que mon coeur préfères 
Pour vous souhaiter un joyeux anniversaire .
Tu es ma vie ma chair et mon sang mon amour 
Je te souhaite le plus beau des anniversaires 
Avec toi j'irai et serai pour la vie toute entière.
Joyeux anniversaire Terisse et Matthew.





mercredi 10 août 2011

Les trois voleurs




IL y avait une fois, comme on dit toujours une fois, une bonne femme qui aimait bien à faire des rôties et à boire un petit coup. Mais son homme le lui défendait. Un matin que son homme était parti aux clos, la voilà qui se met à faire une rôtie, mais elle avait laissé ouvert le haut de sa porte coupée et sa vache la regardait par-dessus le hàe. C’était du temps que les bêtes parlaient. La bonne femme eut peur que la vache ne la vendît  ; elle voulut la chasser, mais la bête revenait toujours ; elle lui jeta une hachette à la tête et la tua du coup.
- Qu’est-ce que notre homme va me dire, quand il reviendra, pensa-t-elle, de trouver notre pauvre vache morte ? Il me tuera du coup. J’aime mieux m’en aller au debout .
Elle quitta donc sa maison et n’emporta que le volet de la porte. Elle rencontra son homme en chemin.
- Où t’en vas-tu, comme ça ?
- Je m’en vais au débaoud. Des voleurs sont venus chez nous. Ils ont tout détruit, il n’est resté que le haut de la porte, que voilà.
- Eh bien ! ma pauvre femme, puisqu’il ne nous reste rien, allons-nous-en ensemble.
Les voilà aller tous deux de compagnie. Ils arrivèrent à un bois. Quand ils furent dedans, ils étaient lassés et ils s’assirent sous un sapin pour se reposer. Mais tout à coup une troupe de gens arrivent. Le bonhomme et la bonne femme eurent peur ; ils grimpèrent dans le sapin, emportant toujours le volet de la porte, et ils attendirent.
Les gens qui arrivaient étaient des voleurs. Sur leur route ils avaient rencontré la vache que la bonne femme avait tuée, et ils cherchaient un endroit pour la rôtir. Ils s’installèrent justement sous le sapin ; ils coupèrent la vache par morceaux, ils se firent un trépied avec des pierres, allumèrent un feu de bûchettes ; ils avaient un hêtier [4], ils mirent dessus des tranches de la vache.
L’homme et la femme voyaient tout ça du haut de l’arbre ; mais la femme était bien embarrassée, elle avait grande hâte à pisser. Elle le déclara à son homme.
- Retiens-toi tant que tu pourras, lui dit-il, ils finiront par s’en aller.
Elle se retint donc, mais les hommes ne s’en allaient pas. Au bout d’un moment elle dit à son homme qu’elle n’en pouvait plus et qu’il lui était impossible de se retenir.
- Eh bien ! lâche tout ! lui dit son homme.
Elle ne se le fit pas redire, elle lâcha tout ; cela coula de branche en branche jusque sur le hêtier.
Les voleurs levèrent la tête, mais le feuillage était si épais qu’ils ne virent rien.
- Va toujours, dit le chef à celui qui cuisinait ; c’est le bon Dieu qui nous envoie la sauce.
Une minute après, la femme dit à son homme qu’elle avait mal au ventre.
- Retiens-toi, retiens-toi, lui dit son homme.
- Elle se retint tant qu’elle put, mais elle finit par dire à son homme qu’elle n’y pouvait plus tenir.
- Eh bien ! tant pis, lâche tout ! lui dit son homme.
Elle lâcha tout, et après avoir dégringolé de branche en branche, cela finit par tomber sur le hêtier.
- Va toujours, dit le chef, c’est bon Dieu qui nous envoie de la moutarde.
La bonne femme tenait toujours le volet, mais la force lui manquait pour le retenir. 



- Mon homme, dit-elle, mon homme, je n’ai plus de force, je vais laisser tout échapper.
- Eh bien ! lâche tout ! dit le bonhomme, et que le bon Dieu nous aide !
La bonne femme laissa tomber le volet, qui descendit de branche en branche avec grand fracas.
Les voleurs crurent que c’était le tonnerre ; ils se sauvèrent en abandonnant la vache rôtie et leur argent.
Quand ils les voient partis, le bonhomme et la bonne femme descendent et se mettent à manger la vache. Mais pendant qu’ils mangent, les voleurs reviennent sur leurs pas. Les voilà pris. La bonne femme ne perd pas la tête.
- donne-moi ton couteau, dit-elle à son homme, et tire la langue.
Il donna son couteau, qui était tout rouillé, et tira la langue. La femme se mit à la lui gratter.
- Qu’est-ce que vous faites donc là, brave femme ? demanda le chef des voleurs.
- Vous voyez, je gratte la langue de mon homme.
- Pourquoi faire ?
- Pour l’empêcher de mourir. Quand on a été bien gratté comme ça, la mort ne vous peut plus rien.
- Est-ce que vous ne pouvez pas me gratter aussi ?
- Je veux bien. Donnez-moi votre langue.
Il la lui donne. La bonne femme la coupe. Il s’enfuit en hurlant vers ses compagnons.
- Qu’est-ce que tu as ?
- Il veut parler et il ne peut.
- Qu’est-ce que tu as, enfin ?
- Le, le, le, le, le...
Les voleurs s’imaginent que le diable est dans le bois, et ils se sauvent au plus vite sans rien ramasser.
Le bonhomme et la bonne femme ramassent tout ; la somme était assez considérable. Ils s’en servent pour faire réparer leur maison, achètent une nouvelle vache, et, plus tard, quand la bonne femme voulut faire des rôties au descu de son mari, elle eut grand soin de fermer le haut de sa porte.





Caresse du vent






Il y a bien longtemps, si longtemps que nul ne se souvient du moment où c’était, vivait sur la terre un peuple en communion totale avec la nature. Ils chassaient, pêchaient, construisaient des embarcations dans des troncs d’arbres brûlés ou fabriquaient des mocassins pour ne pas avoir mal aux pieds. L’organisation de cette société était parfaite à bien des égards et les nombreuses tribus qui composaient ce peuple vivaient en harmonie.
Dans une de ces tribus, il y avait un chaman appelé "Celui-qui-Sait-Tout". Il avait le pouvoir de guérir les maladies et de communiquer avec le monde de l’au-delà et les forces spirituelles qui habitent chaque élément de la nature : les animaux, les plantes, les astres, la pluie... Celui-qui-Sait-Tout avait une fille très belle prénommée "Caresse-du-Vent". Tous les guerriers de la tribu rêvaient de l’épouser parce qu’elle était pourvue de nombreuses qualités. Elle ne regardait aucun des guerriers qui lui faisaient la cour. Tout le jour, elle rangeait, nettoyait, faisait mille corvées pour elle mais aussi pour ses voisins. Jamais elle ne refusait de rendre un servie. Son tepee était le mieux rangé de la tribu et tout le jour, elle était affairée.

Une nuit, pendant la saison des fruits bien mûrs, Caresse-du-Vent a fait un songe. Un Manitou lui est apparu.
Le Manitou est un personnage qui possède des dons surnaturels - c’est la représentation vivante d’une des forces de la nature.
Celui qui vient dans son rêve est le Manitou de l’Air. Il lui apprend qu’il l’aime depuis le premier jour où il l’a vue et que jamais elle ne trouvera sur la terre aucun homme qui réussira à la rendre aussi heureuse que lui.
Le matin, lorsqu’elle se réveille, elle se souvient très bien de son rêve et elle en est troublée. Elle sort de son tepee pour aller chercher de l’eau fraîche et trouve juste devant l’entrée une superbe paire de mocassins brodés de perles multicolores. Sa jeune sœur "Perle-d’Orage" qui sort en même temps qu’elle trouve les mocassins fort à son goût et les lui demande. Caresse-du-Vent les lui donne et toutes les deux partent vers la rivière.
Chaque nuit, le rêve se reproduit. Chaque matin, lorsqu’elle sort de son tepee, Caresse-du-vent trouve un nouveau présent devant l’entrée : un collier, une tunique de peaux, un bandeau, une ceinture. A chaque fois, elle donne les cadeaux à sa jeune sœur qui est bien heureuse d’avoir une sœur aussi généreuse.
Mais à force de mal dormir la nuit, Caresse-du-Vent perd sa gaieté naturelle et ses forces semblent d’amenuiser. Elle reste souvent songeuse pendant de longs moments. Son père qui l’observe depuis plusieurs lunes se résout à lui parler un soir car il a bien compris d’où venait le tourment de sa fille.
- Dis moi, Caresse-du-Vent, tu sembles bien triste depuis la lune des cerises rouges. T’est-il arrivé quelque chose ? Si tu as du souci, je peux certainement t’aider.





Caresse-du-Vent ne détourne pas les yeux. Elle s’assied à côté de son père et lui raconte l’objet de son trouble.
- Père, je suis jeune et il est grand temps que je prenne un époux mais nul guerrier de la tribu ne me plaît. Chaque nuit, dans mes songes, le Manitou de l’air me demande de devenir son épouse. Je ne sais pas quoi faire et surtout, je ne sais pas comment le rencontrer car je sens que je l’aime un peu plus chaque jour. Chaque matin, lorsque je m’éveille, je trouve un présent devant le tepee. Je l’offre à Perle-d’Orage car je ne peux accepter de si beaux présents.
Celui-qui-Sait-Tout n’est pas étonné. Il se met à réfléchir et demande à ne pas être dérangé durant trois jours. Il entonne alors un chant magique qu’il psalmodie. Au bout des trois jours, il appelle sa fille :
- Caresse-du-Vent, j’ai parlé au Grand-Esprit. Tu dois maintenant décider de ton avenir. Si tu veux trouver le Manitou de l’Air, il te faut quitter la tribu et entreprendre un long voyage pour retrouver celui que ton cœur aime. Le Grand-Esprit y met cependant une condition : jamais tu ne pourras revenir parmi nous car tu vas subir une métamorphose.
Caresse-du-Vent sent très bien ce qu’elle doit faire. Elle aime son père, sa jeune sœur et sa tribu mais elle est certaine aussi qu’elle aime plus que tout le Manitou de l’Air. Elle n’a pas peur d’une métamorphose. Elle rassemble quelques affaires et se met en chemin dès le matin du jour suivant après avoir serré longuement son père et sa sœur dans ses bras.
Elle marche tout le jour sans prendre le temps de s’arrêter. Au moment où le soleil est se couche, la faim commence à la tenailler. Elle s’installe dans le creux d’un gros rocher non loin d’un cours d’eau, mange quelques galettes de maïs et boit un peu d’eau. La fatigue l’enveloppe et elle s’endort bientôt. En rêve, elle voit à nouveau le Manitou qui lui dit qu’ils seront très bientôt réunit. Au matin, Caresse-du-Vent s’éveille. Au moment de se mettre debout, elle ne peut utiliser ses bras ; ceux-ci sont devenus de grandes ailes, ses pieds, des serres et son nez, un bec.
Avec beaucoup de difficultés, elle arrive sur le bord de la rivière et voit son reflet dans l’eau. D’une belle jeune femme, elle est devenue un aigle royal. Le choc est si grand, qu’elle se met à pleurer. Soudain, à côté de son reflet, elle voit un second reflet - un second aigle royal.
- Bonjour Caresse-du-Vent, je suis le Manitou de l’Air et le Manitou plus heureux du monde. En la regardant, il s’aperçoit de ses larmes qui ruissellent et tombent sur le sol. Pourquoi pleures-tu ? Ton père et ta sœur te manquent ? Es-tu malade ?
- Ce n’est rien répond-elle en essuyant ses larmes d’un coup d’aile. J’ai été surprise par mon apparence. Je suis moi aussi bien heureuse de te rencontrer enfin. Il y a si longtemps que je t’attends.
- Partons, dit le Manitou de l’Air. Les chasseurs ne vont pas tarder à arriver dans la plaine et il ne faudrait pas qu’il t’arrive quelque chose.
Si le Manitou de l’Air s’envola sans problème, Caresse-du-Vent éprouva bien plus de difficultés. Elle prit de l’altitude avec difficultés, manqua de retomber sur le sol mille fois mais finit par s’affranchir. Ils passèrent tous deux au-dessus de la tribu où vivait Caresse-du-vent juste au moment où le chaman sortait de son tepee. Celui-ci leva la tête et sourit. Il avait reconnu sa fille qui s’envolait vers son destin. Il ne fit cependant aucun signe et Caresse-du-vent poursuivit sa route avec un petit pincement de cœur.
Ils volèrent très longtemps et arrivèrent dans l’antre du Manitou de l’Air. Un désordre indescriptible y régnait. Tout était sans dessus-dessous. Le manitou de l'Air raconta à Caresse-du-Vent qu’il ne parvenait pas à remettre de l’ordre chez lui car le vent du Nord, le vent de l’Est, le vent de l’Ouest et le vent du Sud ne faisaient pas attention lorqu’ils rentraient de leurs voyages. Il avait beau leur demander de respecter sa demeure mais à chaque fois, au lieu de l’écouter, ils se mettaient à souffler plus fort encore.
Nullement découragée, Caresse-du-Vent entreprit de ranger sa nouvelle demeure. Sans doute précédée de sa réputation, aucun des vents n’osa jamais souffler à l’intérieur et la demeure resta propre et bien rangée.
Caresse-du-Vent et le Manitou de l'Air vivent depuis très heureux. De leur histoire, une expression est née : " L’air ne fait pas la chanson " évidemment, puisqu'il fait les grandes histoires d’amours.





lundi 8 août 2011

Le miroir des fées célestes




Avez-vous déjà entendu parler du palais de Brocart ? Mais si, bien sûr, c'est le palais des deux fées célestes qui tissent tout le long du jour, les nuages, pour l'empereur du Ciel. Vous vous tromperiez bien si vous les croyiez heureuses de leur sort car les deux fées s'ennuient à mourir dans leur palais. Un jour d'ailleurs, elles se sont sauvées. Écoutez plutôt...
Ce jour-là, c'était l'anniversaire de l'empereur du Ciel et tous ses serviteurs étaient occupés aux préparatifs d'un grand festin. Les employés célestes s'amusaient dans les salles impériales et la garde de la porte du Sud, celle par laquelle on descend sur la terre, buvait joyeusement à la santé de l'empereur et sombrait peu à peu dans une somnolence béate. Les deux fées célestes étaient restées seules. 
Dans leur merveilleux palais, elles s'ennuyaient de vivre constamment dans la béatitude, de boire tous les jours du nectar et de tisser tous les jours un nuage en forme d'enclume et sept nuages blancs moutonneux. Leurs jours se ressemblaient comme un neuf ressemble à un autre neuf et nos deux fées s'ennuyaient, s'ennuyaient à mourir.
« Tu sais, petite sœur, » soupirait la plus jeune, « je préférerais m'en aller et descendre sur la terre plutôt que de continuer à m'ennuyer ici. Les hommes ne connaissent pas leur bonheur ! Tant de travail, et toujours du nouveau, ça me plairait tellement ! »
« A moi aussi, » continua l'aînée, « et si tu voyais leurs montagnes et leurs rivières qui serpentent ! Que c'est beau ! Rien de pareil dans ce palais ennuyeux. Et si nous nous sauvions ? »
Le chemin n'est pas long de la pensée à l'acte. Les deux fées célestes se mirent en route et, sur la pointe des pieds, tout doux, tout doux, elles se faufilèrent jusqu'à la porte du Sud qui conduisait à la terre. Les gardes dormaient profondément. Les deux jeunes filles se glissèrent dehors furtivement.
« Maintenant, petite sœur, » proposa la cadette, « nous allons nous séparer. Tu iras vers le Sud, et moi vers le Nord. Et lorsque nous aurons trouvé un être en détresse, nous resterons pour l'aider. »
Ainsi se séparèrent les deux fées. Et tout se passa comme l'avait dit la plus jeune. Toutes deux rencontrèrent deux vieilles femmes solitaires et usées et restèrent à les aider. Bientôt, elles perdirent leur teint transparent et devinrent toutes roses. Elles se plaisaient beaucoup sur la terre. Jamais plus elles ne pensaient au ciel.




Mais rien n'est éternel, hélas. Cent ans avaient passé sur la terre, cent ans, ce qui fait exactement sept jours au ciel. Les festivités avaient pris fin et l'empereur Céleste commença à chercher les deux jeunes filles. Mais en vain, elles étaient introuvables. « Où sont-elles donc passées, » gronda l'empereur. «Voilà un moment qu'il n'a pas plu et j'aurais besoin qu'on me tisse au plus vite un nuage d'orage. » Et l'empereur fit chercher les deux fées. Les serviteurs revinrent bientôt pour lui apprendre que la porte du Sud était ouverte et que les deux jeunes filles s'étaient probablement sauvées.
C'est un comble ! » s'écria l'empereur. «Qu'on me les ramène au plus vite ! Sinon, j'enverrai sur la terre une sécheresse abominable ! »
Alors les messagers célestes descendirent sur la terre à la recherche des deux fées. Ils les trouvèrent enfin. Mais les jeunes filles ne voulaient pas rentrer. Pourtant, il fallut bien se rendre ! Pouvait-on désobéir à un ordre de l'empereur du Ciel ? Tête baissée, les yeux pleins de larmes, les deux fées reprirent le chemin du ciel.
En arrivant devant la porte du Sud, la plus jeune dit : 
«Petite sœur, je crois que je mourrai de regret si je ne peux plus regarder le monde en bas ! »
L'aînée hocha la tête en soupirant, puis elle dit :
«J'ai une idée. Jetons nos miroirs. Ainsi, quand n
ous regarderons en bas, nous y verrons se refléter le monde entier. »
Alors les deux jeunes filles sortirent leurs miroirs de leurs larges manches et les jetèrent en bas. Les miroirs descendirent en scintillant, ils tournoyèrent un instant avec de petits sifflements et tombèrent sur la terre où ils se transformèrent en deux lacs enchantés dont les eaux limpides reflétaient les montagnes, les forêts, les collines et les hommes. Et savez-vous où sont ces deux lacs ? L'un est en Chine, c'est le Grand Lac Occidental, et l'autre au Vietnam, à Hanoi.









dimanche 7 août 2011

Comment le ciel est devenu grand





C’était il y a longtemps… lorsque les hommes avaient un gros problème ;  le ciel était trop bas.
Il était si bas qu'il n'y avait pas de place pour les nuages. Il était si bas que les arbres ne pouvaient pas pousser. Il était si bas que les oiseaux ne pouvaient pas voler. S’ils essayaient, ils se heurtaient aux arbres et aux nuages.
Mais ce qui était plus pénible encore, c’était que le hommes adultes ne pouvaient pas se tenir debout, bien droits comme leur corps le leur demandait. Ils devaient marcher tout penché, en regardant leurs pieds et ne voyaient pas où ils allaient.
Les enfants ne connaissaient pas ce problème. Ils étaient petits, Ils pouvaient se lever aussi droits qu’ils le souhaitaient. Ils ne marchaient pas en regardant leurs pieds et pouvaient voir où ils allaient.
Ils savaient par contre qu’un jour, ils deviendraient des adultes et qu'ils devraient marcher tout penchés en regardant leurs pieds à moins que quelque chose ne se passe. 
Un soir, tous les enfants se sont réunis et ils ont décidé de relever le ciel. Les quelques adultes qui les écoutaient riaient sous cape mais soudain, ils ont vu les enfants lever de longs poteaux vers le ciel. Un, deux, trois, quatre…un cri énorme retentit - unnn-uhhhhhh.
Mais rien ne se passe. Le ciel reste comme il a toujours été. Les arbres ne peuvent toujours pas grandir. Les oiseaux ne peuvent toujours pas voler. Il n’y a toujours pas de place pour les nuages et les adultes marchent toujours courbés en regardant leurs pieds sans voir où ils vont.
Le lendemain, les enfants recommencent avec des poteaux plus longs. Un, deux, trois, quatre…un cri énorme retentit - unnn-uhhhhhh. Mais rien ne se passe.
Le soir suivant, les enfants qui sont persévérants essayent encore. Ils prennent des poteaux encore plus longs. Un, deux, trois, quatre…un cri énorme retentit - unnn-uhhhhhh. Mais rien ne se passe.
Le quatrième soir, ils ont trouvé de très très très longs poteaux, les plus longs qu'ils pouvaient trouver et ils se sont mis à compter :  un, deux, trois, quatre…un cri énorme a retentit - unnn-uhhhhhh et le ciel s’est soulevé.
Depuis ce jour, le ciel est à sa place. Les arbres peuvent pousser, les oiseaux peuvent voler sans se heurter aux troncs et aux branches. Les nuages ont de la place pour aller et venir et les hommes peuvent se tenir droit en regardant le ciel.
Mais le plus extraordinaire c’est que lorsque le soleil s’est couché la nuit suivante et qu’il a commencé à faire sombre, le ciel troué par les poteaux des enfants s’est mis à scintiller. Dans chaque trou, il y avait une étoile.
La prochaine fois que vous regarderez le ciel, vous saurez que c’est grâce aux enfants que vous pouvez admirer un tel spectacle. Vous repenserez de cette histoire et vous saurez que c'était vrai.



samedi 6 août 2011

Pourquoi les conifères restent toujours verts?





Chaque année, à l’automne, lorsque les jours deviennent plus courts le soleil bien moins chaud, de nombreux oiseaux partent pour les pays chauds afin d'y passer l'hiver.
Au printemps, lorsque les températures se font plus douces, ils font le chemin à l’envers et reviennent ici, vivre un nouvel été.
Les forêts qui comptent la plus d’oiseaux migrateurs sont les forêts du Grand Nord. Là-bas, les hivers sont rudes et le gel souvent terrible en sorte que les oiseaux pourraient y mourir de faim et de froid.
Il y a bien longtemps, dans ces forêts du Grand Nord, vivait un jeune merle. Pendant l’été, il avait bien grandi et était devenu un merle fort et robuste qui chantait comme son père, son grand frère, ses oncles et ses cousins.
La veille du grand départ vers le sud, tous les oiseaux participaient au dernier vol d'entraînement lorsqu’un grand héron heurta le jeune merle de plein fouet.

- Tu ne peux pas faire attention, abruti! s'exclama le héron en colère. Il faut bien se dire que la colère du héron cachait le fait qu’il se savait en faute.

Notre ami, le jeune merle, sonné par le coup, tomba sur le sol comme une feuille d’automne. Son aile le faisait souffrir et elle pendait bizarrement. Il avait terriblement mal.
- Ton aile est cassée, lui dirent les vieux merles, forts de leur expérience. Tu ne pourras pas nous accompagner demain, car tu te noierais à coup sûr dans la mer. Tu. vas être obligé de rester et de passer l’hiver ici. Il faut te trouver un abri dans la forêt. Au printemps, nous passerons te reprendre ici.

Le jeune merle était effrayé. Il n’avait pas le choix. Il lui fallait rester et c’est bien triste qu’il regarda, le lendemain, ses parents et ses amis s’envoler vers le ciel sans tache d’Afrique. Il les regarda longtemps jusqu’à ce qu’ils ne se distinguent plus dans le ciel. Le cœur gros et les plumes tristes, il se mit à la recherche d'un abri. Mais où trouver un coin pour passer l’hiver dans cette grande forêt ?
Il avait marché longtemps lorsqu’il rencontra un vieux chêne imposant.
- Dites-moi, Monsieur le Chêne, puis-je, s'il vous plaît, construire un nid entre vos grandes branches? Je ne peux pas m'envoler vers les régions chaudes, car je me suis cassé une aile. Ce ne sera que pour un hiver! Me le permettez-vous s'il vous plaît?


Le chêne baissa la tête avec indignation.
- Ça non, alors! répondit-il d'un air outré. Il n’en est pas question! Cherche un autre arbre. Si tu as faim cet hiver, tu mangeras tous mes glands et je deviendrais un chêne sans glands dont les autres se moqueraient. Pas question que je fasse ça!

Plus triste encore, le jeune merle partit à la recherche d'un autre arbre. Il arriva bientôt près d'un magnifique bouleau dont les feuilles ondulaient doucement au vent. Il paraissait tellement accueillant, tellement beau et tellement gentil que le merle osa lui adresser la parole.
- Dites-moi, Monsieur le Bouleau, peut-être m'autoriseriez-vous à chercher refuge entre vos branches contre le vent du nord? Je dois trouver un abri sans quoi, je vais mourir gelé. Ce ne sera que pour un hiver. Lorsque le printemps reviendra, je chercherai un autre abri, mais mon aile est cassée et je ne peux aller nulle part ailleurs.


Le bouleau haussa les sourcils, plissa profondément le front et très en colère, il répondit en agitant ses branches et en criant :
- N'es-tu pas un peu fou? dit-il d'un air méprisant. Garder mes propres feuilles me donne déjà suffisamment de travail. J'ai besoin de toutes mes branches. je ne peux en sacrifier une seule pour te protéger. Cherche donc quelqu'un d'autre!

Le jeune merle s'éloigna tristement. Ses pattes ne le supportaient plus tant son chagrin était devenu lourd à porter. N'y avait-il donc personne dans cette forêt qui l'aiderait à passer l'hiver?
Il perdait espoir quand soudain, au détour d’un sentier, il aperçut un joli saule aux branches flexibles. Sûr que celui-ci allait lui accorder sa protection! Il sentait l’espoir renaître dans son petit cœur.










    
- Dites-moi, Monsieur le Saule, m'autoriseriez-vous à nicher durant cet hiver entre vos branches? Je me suis cassé une aile et je ne peux m'envoler avec les autres oiseaux vers des régions plus chaudes. Je mourrai sûrement de froid si je ne trouve pas d'abri. Me le permettez-vous? Je vous en prie!
Il leva les yeux d'un air suppliant vers le saule. L’arbre avait le cœur bon mais il ne pouvait l’aider.
- Je suis sincèrement désolé pour toi, dit-il, Après tout, je ne te connais pas. Comment pourrais-je savoir si tu ne creuseras pas des trous dans mes branches en cachette, comme une pie, ou si tu ne me mangeras pas mes feuilles? Adresse-toi plutôt à quelqu'un d'autre. Il y aura peut-être un arbre qui acceptera de prendre un oiseau étranger sous sa protection. Je trouve cela terrible, mais je ne peux pas t'aider.

Fatigué, le merle s'éloigna bien décidé à ne plus demander protection à personne puisque de toute façon, personne ne voulait l'aider.
Il erra dans les bois touffus pendant six jours et six nuits, mais tous les arbres avaient eu vent de son histoire par le chêne, le bouleau et le saule et détournaient la tête dès qu'ils le voyaient.


Le septième jour, le merle arriva dans une clairière où se tenaient trois arbres les uns à côté des autres : un sapin, un pin et un genévrier.
- Où vas-tu? demanda le grand pin, étonné. Il y a bien longtemps que tu devrais être dans un chaud pays du sud. Tu vas geler si tu ne pars très vite.
- Je sais bien, répondit tristement le merle. Je me suis cassé une aile et je n’arrive plus à voler. Je cherche désespérément un abri pour l'hiver dans cette forêt, mais personne n'a de place pour moi.

Le sapin, le pin et le genévrier se regardèrent en souriant.
- Si tu veux, tu peux rester auprès de nous, dit le grand pin, chaleureusement. Construis ton nid entre mes branches. je suis suffisamment grand et fort pour te protéger contre tout danger.
- Mes branches sont suffisamment touffues pour arrêter le vent du nord, dit le sapin. Construis ton nid entre ses branches les plus épaisses, mais reste près de moi. De cette manière, tu ne sentiras pas le vent d'hiver.
- Quant à moi, tu pourras te nourrir de mes baies tout l'hiver, ajouta le genévrier. J'en ai suffisamment. Tu pourras t'en rassasier.

Reconnaissant, le merle construisit son nid dans les branches du pin, juste à côté du sapin, comme celui-ci le lui avait proposé. Chaque jour, il pouvait manger des baies de genévrier.
Le merle était heureux avec ses trois bons amis et, de son nid, il leur chantait chaque jour sa chanson la plus mélodieuse en guise de remerciement.
Lorsque le vent du nord arriva, un frisson parcourut la forêt. Le vent souffla d'abord toutes les feuilles du chêne et les fit tourbillonner jusqu'à ce qu'elles forment un tapis sur le sol. Il s'approcha ensuite du bouleau et lui arracha également toutes ses feuilles en riant et en mugissant. Le bouleau résista de toutes ses forces, mais le vent du nord était plus fort que lui. Après son passage, le bouleau resta là, les branches nues, à frissonner de froid. Ce fut ensuite le tour du saule. Le vent du nord tourna autour de lui comme une toupie et chassa toutes ses feuilles une à une.

Il arriva ensuite près du sapin, du pin et du genévrier.
- Ah, ah! Voilà encore quelques arbres verts, dit le vent en poussant des cris de joie.
- Stop, retentit soudain une voix forte. C'était le roi Hiver qui passait par le bois, la tignasse blanche comme neige et des stalactites pendues à ses mains.

Laisse ces trois arbres tranquilles, commanda-t-il. je n'ai pas pitié des autres, mais ces trois-là ont aidé un jeune merle qui demandait de l'aide. Comme récompense, ils pourront rester verts pour toujours.
Le vent du nord jeta un coup d'œil étonné à travers les branches du pin. Il aperçut le petit merle à l'abri dans son nid douillet et fut attendri.
- Vous avez raison! acquiesça-t-il, ému. je vais les laisser en paix.

Voilà pourquoi, depuis ce jour, tous les pins, sapins et genévriers restent aussi verts l'hiver que l'été.










jeudi 4 août 2011

Le génie de la forêt






Il était une fois dans un pays très lointain qu’on appelle le Paraguay, un pauvre fermier et sa femme qui travaillaient très dur sur leur lopin de terre. La sol était tellement sec que leurs outils se cassaient souvent et qu’à chaque coup, un nuage de poussière s’élevait de la terre. Ils gagnaient donc juste de quoi vivre mais quand on dit juste de quoi vivre, c’était juste de quoi vivre. Jamais de superflus chez José et Anina mais malgré tout c’étaient des gens très gentils, heureux de vivre.
Un jour, Anina reçut la visite d’un voisin qui lui dit qu’à une journée de marche de chez eux, un riche fermier ne pouvait trouver suffisamment de travailleurs pour l'aider à la récolte. Elle proposa à son mari :
- Pourquoi n'irions-nous pas aider ce fermier? Ici, nous mourons presque de faim. Chez lui, nous pourrions gagner suffisamment d'argent pour vivre décemment.
Son mari la regarda, préoccupé et lui dit sur le ton de la confidence :
- Je ne dis pas non mais ne sais-tu pas que cette région est habitée par le grand génie de la forêt? C’est un ogre immense, poilu, à la barbe rouge sang et aux yeux de jais qui lancent des éclairs. Il dévore tous les hommes qu'il rencontre et ramène les femmes chez lui afin qu'elles travaillent pour lui. Le danger n'est écarté que l'après-midi, car c’est à ce moment qu’il dort. Je n'ai pas tellement envie d'y aller. Ca ne m’étonne pas que ce fermier ne trouve plus suffisamment de gens pour rentrer la récolte. Tout le monde a peur. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée d'aller habiter aussi près d'un tel monstre.
- Moi je n’ai pas peur ! dit Anina, en riant. Je resterai à l'intérieur et je n'irai faire les courses que l'après-midi. Je t'en prie, allons-y. Je pense que c’est la meilleure chose qui puisse nous arriver !
Fatigué d’entendre sa femme lui dire tous les bénéfices qu’ils pourraient tirer de leur nouvelle situation, José finit par accepter. Ils emballèrent leurs maigres affaires et quittèrent leur misérable chaumière en quête d'une vie meilleure.
Après un jour de marche, ils arrivèrent chez le riche fermier. Celui-ci possédait une magnifique ferme située loin de la forêt du génie. En outre, de nombreux hommes faisaient des rondes afin d'empêcher le génie d'entrer.
On donna immédiatement du travail à José aux champs et le fermier leur indiqua une maisonnette à l'orée de la forêt, où ils pourraient habiter.
- Vous pourrez vivre ici en toute tranquillité, dit le fermier à Anina. Veille toutefois à rester à l'intérieur. Ne sors que l’après-midi, car c'est le moment où le génie de la forêt se repose. Je vous ferai apporter de la nourriture tous les jours par mes hommes afin que vous ne couriez aucun danger.
Et c’est ce qui se passa. Chaque jour, les hommes de la ferme leur apportaient des vivres. José gagnait bien sa vie en travaillant aux champs et ils étaient très très heureux. Ils n'avaient pas aperçu le génie de la forêt et Anina en venait à douter de son existence. Mais elle se trompait! Caché dans la forêt, il l'avait déjà observée à plusieurs reprises. Il en était même tombé un peu amoureux. Toutefois, il ne pouvait s'approcher d'elle, car elle restait toujours aux alentours de la maison. Un jour, il y avait tellement de travail à la ferme que le fermier avait complètement oublié d'envoyer ses hommes porter de la farine et des haricots à la maisonnette. Anina se tracassait. Quand vint l'après-midi, elle voulut se rendre à la ferme elle-même pour aller chercher de quoi manger.
Reste donc ici, lui dit José, inquiet. Imagine que tu rencontres le génie et qu'il t'emmène. Que ferais-je sans toi ?
Mais Anina se moqua de lui.
C'est l'après-midi, répondit-Anina. Le génie est en train de dormir. Il n'y a aucun danger. Je rentrerai bien avant la tombée de la nuit. Ne t'inquiète pas. A tout à l'heure. Elle prit son grand panier et partit.
Elle suivit gaiement le long chemin qui menait à la grande ferme. Le fermier sursauta lorsqu'il la vit

 arriver. 









- Ne m'en veux pas, dit-il à Anina. Il y avait tellement de travail! Je vais te donner le repas tout de suite. Tu ferais peut-être bien de dormir chez nous, car si tu pars maintenant, tu ne seras de retour chez toi que le soir tombé. Pense au génie de la forêt, petite!
Mais Anina ne voulut pas passer la nuit chez le fermier. Elle avait peur que José ne s'inquiète. Elle prit rapidement le chemin du retour. Soucieuse, elle regardait parfois le soleil qui descendait à l'horizon. Alors qu'elle était presque arrivée, le génie de la forêt jaillit de derrière un gros arbre et l'attrapa. Anina résista de toutes ses forces, mais ce fut peine perdue. Le génie l'emmena dans sa cabane au fin fond de la forêt. Là, Anina dut lui faire la lessive et la cuisine.
José était déjà rentré de son travail et attendait avec inquiétude le retour de sa femme. La nuit tombée, il partit à sa recherche. Près de l'orée de la forêt, il découvrit son panier à provisions rempli de vivres. Il eut très peur, car il était désormais sûr qu'Anina avait été enlevée par le génie de la forêt. Tristement, il ramassa le panier et retourna chez eux. Il faisait bien trop noir pour encore partir à sa recherche.
Sur le chemin du retour, il rencontra un vieux mendiant qui marchait à l'aide d'un bâton et qui lui demanda un peu de nourriture.
- Je n'ai rien sur moi, répondit José gentiment, mais accompagnez-moi, je vous préparerai quelque chose à manger.
Pendant que le vieux mendiant se restaurait, José lui raconta ses mésaventures.
Si vous m'autorisez à dormir ici, je vous aiderai demain à trouver la cabane du génie, proposa le mendiant.
José le regarda d'un air incrédule.
- Ne craignez-vous pas qu'il nous dévore? lui demanda-t-il, inquiet.
Le mendiant secoua la tête en riant.
- N'ayez pas peur, répondit-il. Je suis peut-être vieux, mais je ne suis pas encore tout à fait inutile Patientez un peu.
Le lendemain matin, les deux hommes partirent de bonne heure. Ils s'enfoncèrent dans la forêt. Après de longues recherches, ils découvrirent enfin la cabane du génie de la forêt. Ils se dissimulèrent derrière quelques buissons. José aperçut Anina sortir de la cabane et vider un seau d'eau. Elle était donc bien là. Quant au génie, il restait invisible.
- Il est peut-être parti chasser, dit José et il se dirigea vers la cabane pour aller chercher Anina.
Soudain, le génie jaillit de derrière la cabane en poussant un cri assourdissant. Il s'était caché afin de surprendre José.
- Ah, je vais me régaler doublement! s'exclama le génie. Enfin, pas tout à fait : l'un des deux est tout rabougri.
Il saisit les deux hommes de ses mains poilues. José cria, mais le vieux mendiant n'avait pas peur du tout.
- Si tu ne nous lâches pas, je te fais mordre par un serpent, dit-il fâché.
Le génie libéra immédiatement les deux hommes et regarda autour de lui.
- Je ne vois aucun serpent. Tu me prends pour un imbécile! maugréa-t-il. Viens ici, que, je te mange le premier. Je garde le savoureux jeune homme pour la fin.
Il tendit la main vers le vieil homme, mais au même moment, ce dernier jeta son bâton sur le sol. Le bâton se changea immédiatement en un gros serpent sifflant. Le génie eut très peur et n'osa plus bouger, car rien ne lui faisait plus peur que les serpents. Il mit ses grandes mains devant ses yeux. A présent, il ressemblait plus à un enfant effrayé qu'à un redoutable génie de la forêt.
- Eloigne ce serpent ! Eloigne cet affreux serpent! s'écria-t-il effrayé.
- Je ne le ferai que si tu promets de partir d'ici, répondit le vieux mendiant. Tu dois partir au-delà des montagnes et ne plus jamais revenir. Si tu le promets, je changerai à nouveau le serpent en bâton.
- D'accord! D'accord! Je partirai! répondit le génie de la forêt d'une voix tremblante.
Le vieux mendiant sourit.
- N'oublie pas! le prévint-il. Dès que tu reviendras importuner ces pauvres gens, je t'enverrai dix de ces serpents. Il prit le serpent par la queue et celui-ci se changea immédiatement en bâton. Le génie fit rapidement son baluchon tout en pleurnichant.De temps en temps, il jetait un coup d'oeil effrayé au vieux mendiant, mais celui-ci se contentait de l'observer calmement. Un peu plus tard, le génie partit en direction des hautes montagnes que le vieil homme lui avait indiquées. Contente et soulagée, Anina tomba dans les bras de son mari. Sans attendre, le mendiant mit le feu à la cabane du génie. S'il se retourne et voit la fumée, il saura qu'il n'a plus de maison et qu'il ne peut donc plus dormir ici, expliqua-t-il. Heureux, ils se dirigèrent vers leur maison. Le vieil homme resta encore quelques jours chez José et Anina. Mais un beau matin, il partit sans raison aucune et nul ne le revit jamais. José et Anina coulèrent des jours heureux. Depuis le départ du génie, de plus en plus de gens venaient travailler dans cette région du pays. On construisit plus de fermes, des magasins et des écoles. Le fermier offrit à José un meilleur emploi: il devait diriger le travail de tous les nouveaux travailleurs. Le fermier le payait bien, car depuis qu'il avait suffisamment de personnes pour cultiver la terre, il gagnait assez d'argent pour payer à ses employés un bon salaire.
José et Anina étaient donc très heureux et lorsqu'ils eurent un enfant l'année suivante, ils furent au comble du bonheur. Ils vécurent longtemps et heureux à l'orée de la forêt.









mercredi 3 août 2011

Les fées





Le nom fée vient du mot latin fata qui se disait originairement pour Parque (fatum signifiant destin). Les fées du moyen-âge appartiennent à un genre de divinités secondaires païennes qui ont survécu au paganisme et que le peuple a mêlées aux croyances du christianisme. On y rencontre à la fois des survivances de la mythologie latine, celtique et germanique. Au fatum des Romains, qui s'était morcelé en un grand nombre de personnes divines, Tria Fata, les trois Moires ou Parques des Grecs, qu'on retrouve au IVème siècle dans Ausone et au VIème siècle dans Procope, ont emprunté l'influence qu'elles avaient sur la destinée de l'homme et les dons bons ou mauvais qu'elles lui imposaient dès le berceau. Aux matres ou matronae, divinités qui apparaissent si souvent dans les inscriptions gallo-romaines, elles doivent le caractère, généralement bienveillant pour les hommes, qu'elles ont au moins chez les populations qui ont été longtemps en contact avec les Romains. Elles devinrent dures et méchantes lorsqu'elles s'allièrent aux n'ornes, ces lugubres parentes des Parques, chez les peuples germaniques et scandinaves, qui importèrent tout un panthéon de nains : trolls, gnomes, kobolds et aussi d'elfes, nixes, ondines, pixies, etc.

Les gaulois eurent les saynettes qui habitaient l'île de Sayne, sur la côte des Osismiens, auxquelles on attribuait le pouvoir d'exciter les tempêtes et de guérir les maladies ; on les connut en Ecosse et en Irlande sous le nom defairies, de water-elven ou de daonie-see ; en Angleterre, on les appelleraKlabbers ou tylwith teg ; en Allemagne, alfenkobold ou stille-volk ; les Arabes et les Persans avaient des fées nommées férisdives et djinors. En Flandre, on connut les withe-wroukin (dames blanches), fées malfaisantes qui épiaient les voyageurs pour les entraîner dans leurs demeures souterraines ; en Danemark, les fées sont les nokka, musiciennes nocturnes des forêts et des eaux ; en Russie, les duegar. Il faut remarquer que ces produits de l'imagination humaine sont malins et méchants dans tous les pays où la nature est avare de ses dons : pays froid, de montagnes, de nuages, comme la Scandinavie, l'Irlande, l'Écosse ; au contraire, ils sont doux et bienfaisants dans les pays méridionaux, où la nature est riante et la vie relativement facile.



Les littérateurs prolongèrent le règne des fées en les introduisant dans leurs récits. Au moyen âge, dans les romans d'Arthur et de la Table ronde, de Charlemagne et de ses paladins, d'Ogier le Danois, Viviane, Morgane, Mélusine, sont appréciées des poètes. Quelques grandes familles adoptèrent certaines d'entre elles comme protectrices. En se rapprochant des hommes, elles en ont pris les passions, et il n'était pas rare qu'elles s'éprissent d'un beau chevalier, voire d'un simple manant. La renaissance n'eut garde de les mettre en oubli ; elles revivent dans le Roland amoureux, de Boiardo, dans leRoland furieux, de l'Arioste, dans la Reine des fées, de Spencer, dans le Songe d'une nuit d'été, de Shakespeare, dans la Jérusalem délivrée, de Tasse, etc. En France, les fées n'ont jamais été délaissées ; elles apparaissent, jusqu'au grand siècle, pimpantes, piquantes, réalisant des prodiges d'un coup de leur baguette magique, parées à la française dans les Contes de Perrault.

En musique, le mot fée a servi de titre à de nombreux opéras ou opérettes. Parmi les meilleurs oeuvres, nous citerons la Fée Urgèle, opéra-comique en quatre actes, paroles de Favart, musique de D'uni, représentée à la Comédie-Italienne, le 4 décembre 1765 ; la Fée aux roses, opéra-comique en trois actes, paroles de Scribe et de saint-Georges, musique d'Halévy, représenté à l'Opéra-Comique le 1er octobre 1849 ; la fée Carabosse, opéra-comique en trois actes, paroles de Cogniard, musique de V. Massé, représenté au Théâtre-Lyrique, le 28 février 1859 ; les Fées, opéra, paroles et musique de Richard Wagner, représenté après la mort de l'auteur, le 29 juin 1888, sur le Théâtre Royal de Munich ; la fée aux chèvres
, opérette féerique en trois actes et quatre tableaux, paroles de Paul Ferrier et Albert Vanloo, musique de Louis Varney, représenté à la Gaîté, le 18 décembre 1890.

En psychologie, les contes de fées sont les archétypes de notre inconscient collectif. Les mythes appris dès la prime enfance nous hante durant l'âge adulte avec quelquefois des résultats surprenants. Il y a en chacun de nous un personnage de conte de fées. Le connaître aide à rendre le quotidien bien moins banal.