jeudi 28 juillet 2011

La légende des fées du vent




En ce temps-là, au bon royaume d' Arradeann,vivait un roi juste et bon:le roi Darral.
La vie était prospère et le bon peuple heureux.
Le roi Darral n'avait pas d'enfants.Malheureusement,la plus belle,la plus douce,la plus gracieuse des reines:Maeva la Grande,n'avait jamais pu lui donner d'héritier.La reine était une dame des chevaux qui savait leur parler,calmant de sa voix douce et claire,le plus fougueux des étalons.
La jument de la reine baptisée "Bélisama" avait la robe du soleil et des crins d'or soyeux.Nul n'avait jamais vu pareille monture.La grande reine parcourait les forets et les terres du royaume,apportant réconfort et bienveillance à tous ceux qui s'approchaient d'elle en criant:"Voilà notre reine!vive la reine!"

Un matin,vetue d' u long manteau de velours vert sombre bordé de fleurs colorées,la reine se rendit à la source d'eau pure,là-bas,très loin au fond de la foret,pour s'y baigner nue,en toute quiétude.Elle aimait la douceur de cette eau fraiche au contact de son corps après une longue chevauchée en solitaire.
Elle y rencontra un drole de petit vieux tout ridé qui pleurait à chaudes larmes.
"Pourquoi ces pleurs,petit homme?"demanda la reine.
"Mon gentil compagnon,le poney grisemine se meurt,majesté,il est aussi vieux que moi,mais sans lui,je ne pourrai plus vivre ...oh!non"

Et de grosses larmes roulèrent dans la source,se transformant en petites perles de nacre.
La reine Maeva comprit très vite que le petit vieux n'était pas n'importe qui
"Bien!Montre-moi ton ami et je pourrai peut-etre le soigner"
"Votre majesté est trop bonne,pour un pauvre vieil homme comme moi..."

La reine suivit le petit vieux,dont les longs cheveux blancs glissaient derrière lui sur la mousse.Sa barbe,tout aussi longue retombait sur ses genoux.
Soudain,dans la clairière,un éclat de soleil illumina le front ridé du vieillard et il se transforma en un poney tout blanc.
"Je suis le Maitre des chevaux,mais,comme je vous l'ai annoncé,je vais quitter la terre ou mon temps est révolu,pour retourner dans mon royaume...Alors,écoute bien:si tu parviens à retrouver une perle dans la fontaine et que tu la portes sur ton ventre,fais vite un voeu,il te sera exaucé.Ecoute moi bien,Dame Maeva,car c'est ta toute dernière chance!"
Et il disparut dans le reflet des derniers rayons du soleil.

Le coeur battant,la reine se remit en selle et fila vers la source.Elle savait d'avance,quel voeu elle ferait,si elle parvenait à retrouver une larme du Maitre des chevaux.
La tache était ardue et la Quete frénétique.L'eau était peu profonde,mais les pierres,glacées et glissantes,avec de longues algues bleutées très touffues.Les longs doigts fin et blancs de la reine saignaient...mais elle ne trouvait aucune perle.Déçue,elle se décida à sortir de l'eau et son pied nu heurta une grosse pierre verte.Une truite argentée bondit et se retrouva suffocante sur l'herbe.La reine la saisit très vite pour la remettre dans l'eau et une perle nacrée s'échappa de la bouche du poisson,et roula dans le creux de la main de la reine.
Un immense éclair zébra le ciel,soudain devenu plus noir que la nuit.
Alors,la reine s'écria:"Donnez-moi un enfant!donnez-moi un enfant!s'il vous plait!"Elle plaça la perle au creux de son nombril puis rentra,telle une furie au chateau,ou elle ne dit mot au roi de ce qui lui était arrivé.

9mois plus tard,elle mit au monde une toute petite fille,mourant en lui donnant le jour.
L'orage grondait dehors et les loups hurlaient,le vent sifflant faisait grincer et claquer portes et volets de la chambre mortuaire de la reine Maeva.
La pluie tombait et son chant rythmé résonnait comme un tambour macabre dans les sombres salles du chateau.
"Ah!chatiée sois-yu,reine maudite!Tu as volé la perle d'une Ondine...Ta fille s'appellera princesse du vent.Mais sois quand-meme accueillie dans la paix et la jeunesse éternelles car toujours,tu as voulu le bien de ton peuple!"
Le roi Darral était désespéré.Ses conseillers pensèrent qu'il perdait l'esprit.Il restait égaré et livide ,son coeur s'aigrit.Il ne regardait jamais sa fille.Il ne la vit pas grandir.

La princesse devint sauvage.Mais Belisama mit au monde un poulain doré la meme nuit que la reine.Eoline fut nourrie avec son lait.Le frère de lait de le princesse fut baptisé Eole:fils du vent et du soleil...

La petite sauvageonne laissa vite la place à une jeune fée d'une très grande beauté,avec de très longs cheveux roux,mais dotée d'un solide tempérament et d'un carractère aussi ombrageux qu'Eole.Elle maniait l'épée comme un jeune damoiseau.

Lorsqu'elle atteignit son 16eme anniversaire,le roi la fit appeler et lui parla en ces mots:"Eoline,fée du vent,ma fille,j'ai décidé de vous marier!"
"Me marier?Mais,je ne connais point d'autre homme que vous,mon père!"
"Vous devenez trop capricieuse,trop sauvage,trop rebelle.Voici venu le temps pour vou de prendre epoux et...de vous calmer..."
"Non,père!"
"Ah!vous ne ressemblez point à votre défunte mère,vous etes...un cheval oui...un cheval sauvage!Mais l'homme que je vous ai choisi saura bien vous mater,vous...calmer et me donner un petit fils..."
"Qui est-ce?"






"Un prince!Jocelyn Le Guenn de Gwennach!"
"Mais je n'en veux point,c'est un homme cruel,sans pitié et qui tue les loups qui sont mes amis..."
"Allez préparer vos affaires et dites au revoir à Eole,il sera remis en liberté sur la lande de ses ancetres.Un bateau viendra vous quérir,dès demain matin.Telle est ma volonté...Obéissez!"
"Mais,je ne veux point,père!Ne puis-je point demeurer auprés de vous et vous aider à diriger les affaires du royaume?"
Le roi eut un grand rire amusé et sonore
"Diriger le royaume?Vous n'en n'etes point capable,petite sotte!Et puis,vous etes maudite à cause de la perle de l'ondine.Allez,ma fille,vous etes une fée,après tout je veux bien etre clément et vous laisser Belisama,peut-etre cela adoucira t il votre peine.

Belisama était vieille,mais elle se laissa charger à bord de la nef avec toutes les malles et les affaire de la princesse.
La nef navigua 3jours et 3 nuits.Une grande escorte de chevaliers en armes attendaient la jeune fée...

"Bien le bonjour damoiselle Eoline.Avez-vous fait bon voyage?Le prince vous attend,bienvenue au royaume de Gwennach!
Une foule aussi colorée qu'animée acclamait la jolie fiancée à l'aentrée du chateau.
Mais les bois semblaient sombres et le climat humide.La terre avait une teinte rougeatre quelque peu étrange.Avec des reflets quelque peu obsédants.
Le prince Jocelyn Le Guenn De Gwennach tomba fou amoureux de la princesse dès qu'il l'aperçut,montée sur un cheval blanc suivi de la gente jument royale.
La fée du vent lui plaisait,bien que quelque chose le dérangeat sans qu'il sache vraiment ce que c'était.Eoline se détournait de son regard,restant des heures dans sa chambre,somptueusement décorée,refusant de se montrer.
Le prince éperdu,fou de désir,ne sachant pas que faire pour apprivoiser sa trop belle fiancée,déposait mille présents tous plus beaux et plus précieux les uns que les autres...dont elle ne voulait pas.
Alors,il s'en allait tuer des loups dont il ramenait les peaux pour couvrir sa couche.Il reçut pous surnom:Jocelyn Le Guenn le loup noir.Eoline attendait que tout le chateau soit plongé dans le sommeil et descendait aux écuries pour parler à Belisama,lui confiant ses secrets de femme,ses peurs de l'homme et la vieille jument maigre lui rendait ses caresses,la poussant de la tete.Le prince disait:"Eoline,ma mie,je vous en conjure,faites moi au moins l'honneur d'assister aux fetes et aux banquets que je donne en votre honneur.Madame,voulez-vous me rendre fou?"
La princesse restait de marbre.

Une nuit,elle ne retrouva pas sa vieille nourrice.
En larmes,elle appela le prince:"La jument de ma mère...Ou est-elle?ou l'avez-vous mise?"
"Je vous répondrai quand vous consentirez enfin à me parler..."
"Soit,je vais vous parler..."
Elle le laissa entrer et le prince l'invita à s'asseoir auprès de lui.Il était beau...
"La jument de votre mère est morte hier après-midi,vous étiez endormie dans votr tour d'argent...vous n'avez rien compris.Je vais vous offrir un cheval digne de vous afin de vous consoler.Je sais combien vous l'aimiez,vous voyez bien que je ne vous veux aucun mal..."
"Maudit,soyez-vous,vous avez tué la jument qui m'a nourrie,mon cheval s'appelle "Eole",il vit dans mon pays,et bientot,j'irai le rejoindre!Allez-vous en de ma chambre!"
"Cessez vos caprices,fée des vents!j'ai passé l'age des gamineries,dormez,mais dormez bien..."
Eoline,hors d'elle claqua la porte se coucha et s'endormit ,bercée par le chant d'une harpe.

Le lendemain matin,la cour centrale du chateau de Gwennach résonnait de furieux hennissements semblables à ceux d'Eole.Elle se leva très vite et regarda par la fenetre.Elle se raidit à la vue d'un étalon noir magnifique maintenu par 3hommes.Le prince,tout vetu de noir,tenait dans sa main gantée de cuir ,la bride de l'animal,se tenant bien droit sur le dos d'un énorme destrier,hurlant le nom de la princesse.

"Et bien, venez,ma mie,on vous dit plus jument que femme!Voyons si vous serez capable de calmer le plus terrible étalon que la terre puisse porter,si vous y parvenez,non seulement,je vous aimerai encore plus,mais il sera votre cadeau de mariage;digne d'une fée!meme ...maudite!Je prépare nos épousailles pour demain,j'ai fait venir l'évèque,que vous le vouliez ou non!Ma patience a des limites et je n'apprécie pas qu'une petite peste stupide fasse la loi chez moi."Eoline aurait voulu appeler à l'aide toutes les fées d'Arradeann,mais elles étaient si loin...Aussi loin que s'étendaient les marais gluants et les sables mouvants du pays de Gwennach.

Eoline,glaciale,hautaine,les cheveux défaits,vetue du long manteau de velours vert brodé de sa mère,en pleine conscience et confiante en ses dons ,se mit souplement en selle sur le bouillant pur-sang.
"Et bien moi,monseigneur,je vous mets au défi de me rejoindre .Et si vous etes capable de m'aimer assez pour y arriver,je vous épouserai et je serai à vous cette nuit..."
Elle s'élança en un galop furieux rapide comme le vent qui la poussait tout droit vers les bois .
Derrière elle,éperonnant sa lourde monture,Jocelyn l'appelait.Mais déjà en pleine communion avec le diabolique étalon noir,elle devenait le vent.

L'étalon des sables filait vers des marais poisseux et la princesse ivre de bonheur et de liberté ne faisait plus qu'un avec lui en épousailles... malgré les appels déchirés de l'homme-loup qui tentaient de la ramener.
Elle ne connaissait ni les pièges des forets ensorcelées de Gwennach,encore moins ses vases visqueuses et ses terres glissantes...

Un léger rayon de soleil balaya son beau visage...ses longs cheveu roux se mélangèrent aux longs crins noirs de l'étalon .Une douce chaleur moite envahit son corps dans un plaisir sans fin et on ne vit plus ni de cheval noir fou,ni de fée du vent.Eoline disparut,avec le regard de Belisama et de son frère Eole dans les yeux...Jamais,on ne les retrouva.

Jocelyn fut tué lors d'un sanglant combat contre un loup ,son corps repose dans le tourment,là ou son épée s'est fichée dans l'argile

Le chateau tomba en ruines. et un grand saule poussa là ou la fée du vent avait disparu.On dit qu'un grand loup noir vient pleurer chaque nuit sous ses branches...et qu'une petite jument farouche à la robe d'argile arpente collines et forets.Jamais personne n'a réussi à l'approcher...

On dit aussi que chaque matin une licorne vient danser sous le saule

Je ne l'ai pas encore vue...Et vous?





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