samedi 30 juillet 2011

Le trésor et son chemin









Ceci est l’histoire inconnue du long voyage de la Fée et du Magicien.

Il est étonnant que cette histoire n’ait pas traversé les âges. Peut-être certains ne l’ont-ils pas jugée digne d’intérêt. Ou peut-être que cette histoire devait encore s’écrire.

L’Enchanteur ne connaissait pas encore très bien la Fée. Il était fasciné par sa beauté intérieure, une beauté tellement grande que sa beauté physique ne lui était pas encore apparue.

L’Enchanteur avait entendu parlé d’un Trésor. Un Trésor dont on disait qu’il était au-dessus de tous les autres. Il en parla à la Fée, longuement. « Lorsque l’on atteint ce Trésor, les étoiles s’arrêtent de briller, les ruisseaux et les rivières remontent vers leurs sources, l’Océan se vide de toutes ses eaux » « Ce Trésor est tellement beau que personne ne veut croire qu’il existe ».

De plus les Méchants essayaient de convaincre la Fée que ce Trésor ne pouvait exister. Et la Fée hésitait. Ce qu’en disait le Magicien lui semblait tellement beau qu’elle avait envie de partir avec lui, là où personne n’avait jamais été, là où personne ne voyait de route, là où personne n’envisageait de partir.

La Fée elle-même ne voulait pas croire le Magicien. D’abord, elle avait déjà entendu parler de trésors et ces trésors l’avaient brûlée plusieurs fois, ou bien avaient disparu au moment même où ils étaient à portée de main. Ce que lui disait le Magicien était bien trop beau pour être vrai. Et puis le Magicien était…un magicien. Il vivait dans son monde et il semblait à première vue très difficile de pénétrer dans ce monde. Et puis le Magicien …ne voulait pas la convaincre car il considérait que convaincre était retirer de la liberté.

Finalement la Fée décida de partir avec le Magicien. Se disant qu’il serait toujours temps de rebrousser chemin le jour où elle aurait la confirmation que le Magicien ne racontait que des choses irréelles. Il racontait par exemple qu’il était possible de parler dans une boîte et d’être entendu à des kilomètres, plus loin que les yeux ne peuvent voir. Et il affirmait que l’on pouvait de même entendre l’autre dans cette boîte. Ce Trésor devait être un mirage de plus. C’est avec beaucoup d’hésitations qu’elle accepta de partir car tout le monde sait que ne pas trouver un Trésor que l’o cherche longtemps est une aventure douloureuse.

C’est ici que les récits deviennent flous, et il est difficile de faire la part de la vérité et des exagérations. On dit que la Fée et le Magicien virent un ruisseau de feu, on dit qu’ils entendirent les rochers se lamenter de la vitesse à laquelle poussaient les plantes, eux qui mettaient quelques milliers d’années à grandir de quelques centimètres, on dit qu’ils virent les montagnes danser parce qu’elles ne les avaient pas vus, on dit que tant la Fée que le Magicien furent émerveillés. Et le plus incroyable ne fût pas que chacune de ces découvertes les faisaient découvrir l’autre. Car chacune des merveilles était vue par l’un alors que l’autre ne les voyait pas. Et une fois l’un, une fois l’autre expliquait avec bonheur et avec joie à l’autre ce qu’il avait vu.

La Fée n’avait pas oublié le Trésor. Elle s’inquiétait. Le Magicien lui était absorbé par ce qu’il voyait.

Seul un dialogue a traversé le temps, faisons silence dans nos cœurs et dans nos âmes pour bien écouter :

La Fée : « Le Magicien, parfois je vois des signes que ce Trésor existe, parfois je vois des signes qu’il n’existe pas. Je commence à douter fortement »
Le Magicien « La Fée, ces rochers dont tu m’as répété les paroles, ces montagnes que je t’ai décrites dans leurs danses folles, les aurions-nous vues si nous n’avions pas cherché le Trésor ? Est-il dès lors important de trouver ce Trésor. L’important, n’est-il pas de le chercher ? N’est-ce pas parce que nous le cherchons que nous découvrons des choses incroyables, que nous nous faisons découvrir des magies insoupçonnables »

De ce dialogue, nous pouvons déceler à quel point la Fée et le Magicien étaient différents. Le Magicien se contentait du Chemin. Qu’importe le Trésor, du moment que la Route en vaut la peine ? La Fée elle pensait autrement. Elle se disait « Qu’importe la Route, c’est le Trésor qui doit valoir la peine »


L’histoire aurait pu se terminer là. Seul le Magicien aurait été satisfait.

Elle ne se termina pas là.

Un jour, après un temps dont le comptage serait hasardeux, le Trésor apparût. Ni la Fée, ni le Magicien ne s’en rendirent compte au début. Puis la Fée se rendit compte qu’ils avaient atteint le Trésor. Elle le fit remarquer au Magicien et ils furent pris dans un tourbillon, les étoiles clignotèrent, le Soleil trembla, l’Océan éternua.




Certains d’entre nous négligent le Chemin qui les mène vers le Trésor, d’autres négligent le Trésor qui leur fait prendre ce même Chemin. Alors que le Trésor et le Chemin sont indissociables et qu’ils ne sont beaux que l’un par l’autre.


 


Mars 2005







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